vendredi 2 mai 2014

JOHN ZORN - On the torment of saints, the casting of spells and the evocation of spirits

17eme volume des travaux de chamber music de John Zorn. Avec le temps, on peut légitimement penser qu'il apprécie de plus de plus les travaux de ce type : plus mystique, plus technique, plus réfléchie, plus exigeant, plus captivant, "plus"....L'abandon récent des filmworks, la réduction des projets plus extrêmes ou les concerts diminuant tendent à nous le confirmer.

Peinture de Salvador Dali en front, des peintures de Goya et Michelangelo à l'intérieur, et trois compositions principales, dont deux qui m'ont un peu redonné du baume au cœur dans la vision classique de Zorn, les deux derniers volumes en date étant assez plat et redondant selon moi.
"The tempest" débute les hostilités pour une formation en trio assez inhabituelle, à savoir clarinette, flûte et batterie. De plus, la batterie reprend pas mal d'éléments du free jazz, avec une approche qui semble autant spontanée qu'hyper technique. Zorn montrera d'ailleurs à Nathan Davis diverses techniques qui lui en sera très reconnaissant. L'influence principale de la pièce est une des dernières pièces de théâtre sans nom de Shakespeare.

"All hallows' eve" est une longue pièce d'une quinzaine de minutes dédié donc à la fameuse fête plus connu sous le nom d'Halloween (le titre en est donc une contraction d'époque). En dépit de son nom d'origine chrétienne et anglaise, la grande majorité des sources présentent Halloween comme un héritage de la fête païenne de Samain qui était célébrée à la même date par les celtes et constituait pour eux une sorte de fête du nouvel an. Halloween est ainsi connue jusqu'à nos jours sous le nom de Oíche Shamhna en gaélique. Elle est une fête très populaire en Irlande, Écosse et au Pays de Galles où l'on trouve de nombreux témoignages historiques de son existence. Jack-o'-lantern, la lanterne emblématique d'Halloween, est elle-même issue d'une légende irlandaise. Dramatique et sombre comme elle se doit, c'est un string trio qui donne à cette pièce Zornienne convenue dans le genre, mais qui est une nouvelle fois brillamment écrite.

La Tentation de saint Antoine est le titre de nombreuses œuvres traitant du thème de la tentation d'Antoine le Grand : ce saint, retiré dans le désert d'Égypte, y subit la tentation du Diable sous la forme de visions des voluptés terrestres. Il existe effectivement de nombreuses œuvres pour représenter cette thématique (Dali dont la peinture orne la pochette, puis beaucoup d'autres...), Zorn aura mis 10 jours pour apporter sa pierre à l'édifice en février 2012. Cette pièce épique est présenté comme un mini concerto au piano qui serait opposé à d'autres instruments. Construits sur des épisodes évoquant les rêves et les cauchemars, la musique est décliné avec des détails rythmiques, mélodiques et des textures qui organisent les tentations et le dialogue philosophique entre Saint Antoine représenté par le piano, ses détracteurs (un string quartet et un Wind quartet complet) et les voix éventuelles venant du désert (représenté par un cor d'harmonie). Au final, une très belle pièce riche en rebondissements et en découverte, superbement interprété sans maitre d'orchestre, et assurément une des meilleures réussites de Zorn dans son exploration de la musique de chambre...

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